Place Saint-Didier, Avignon, 18h © Les Souffleurs commandos poétiques
Place Saint-Didier, Avignon, 18h © Les Souffleurs commandos poétiques
ces paysages dans lesquels
on devrait pouvoir
à l’instant
plonger les yeux
et ne plus rien trouver
d’habituel
ensuite
autour de soi
l’épouvante fréquente
devant la beauté
l’étrange joie
d’être nourri
de la main
d’un qui passe
et qui vous donne à manger
sans s’en douter
sans vous regarder
Franck André Jamme, Au secret
Rue Pommier, Avignon, 22h © Les Souffleurs commandos poétiques
Autour de moi voltige toute la force de la rue
qui ne se rappelle rien et ne veut rien non plus.
Et au fond du sol, sous la circulation, la forêt
à naître attendra calmement pendant mille ans encore.
Tomas Tranströmer, Baltiques
Rue Pommier, Avignon, 22h © Les Souffleurs commandos poétiques
Comme les hurlements des chiens la nuit, les ouragans à leur apogée porteront chance en rendant tous les murs inutiles.
François Guerrette, inédit.
Place de l'horloge, Avignon, 5h © Les Souffleurs commandos poétiques
Place de l'horloge, Avignon, 5h © Les Souffleurs commandos poétiques
Place de l'horloge, Avignon, 5h © Les Souffleurs commandos poétiques
Il faut s'établir à l'extérieur de soi, au bord des larmes et dans l'orbite des famines, si nous voulons que quelque chose
hors du commun se produise, qui n'était que pour nous.
René Char, Fureur et mystère
Place du Palais, Avignon, 6h © Les Souffleurs commandos poétiques
Songe aux pensées des autres qui sans cesse te frôlent et que tu n'entends pas. A cette musique folle
qui t'entoure sans te prendre et te reste étrangère.
Valérie Catherine Richez, Petite Âme
Place de la Méditerranée, cité Monclar, Avignon, 13h © Les Souffleurs commandos poétiques
Place de la Méditerranée, cité Monclar, Avignon, 13h © Les Souffleurs commandos poétiques
Pense à ces jours où tu avais égaré le sens du monde après avoir tant de fois essayé, et réessayé de comprendre.
Le dehors s’était presque désolidarisé, c’était comme perdre pied.
Tes semblables ne vivaient plus exactement au même endroit que toi : des masses qui déambulaient occupées à d’absurdes tâches, mues par d’obscurs désirs…
Et toi, dépossédé, posé sur une branche haute, tes grands yeux de nuit ouverts sur la forêt, que guettais-tu ?
Valérie Catherine Richez, Petite Âme I
Cité Louis Gros, Avignon, 14h © Les Souffleurs commandos poétiques
À la poursuite de la vie qui peut être encore imaginée, il y a des volontés qui frémissent, des murmures qui vont s’affronter
et des enfants sains et saufs qui découvrent.
René Char, Fureur et mystère
Déchetterie Eisenhower, Avignon, 16h © Les Souffleurs commandos poétiques
Déchetterie Eisenhower, Avignon, 16h © Les Souffleurs commandos poétiques
À l’endroit où nous pouvons bouger nous pouvons voir
Notre mouvement démasque le jour et débande nos yeux
Le jour s’est levé d’un mouvement
S’est formé de tout un déplacement de corps
Le long parcours d’explorateur que nous avions entrepris dans la nuit
Nous a fait battre l’espace comme nous aurions battu la campagne
Le frottement incessant a fait reluire et briller l’air qui nous entoure
Nous sommes voyants du monde
Le jour est notre espace fouetté
Agité et mouvant
La nuit la force de l’air provoque l’étincelle qui allume les étoiles
Tous les feux brûlent dans le ciel
Nous ne marchons pas vers autre chose que vers nos yeux
Dans notre avancée nous essayons seulement de déchirer notre peau
De partir hors de nous
De bondir devant nous
Tous nos mouvements ne se manifestent que pour crever
Et faire craquer l’image qui nous enferme et nous aveugle.
Jean-Luc Parant, Dix nouveaux chants pour tourner en rond.
Déchetterie Eisenhower, Avignon, 16h © Les Souffleurs commandos poétiques